Le coeur de WARM bat à Sarajevo – Dimitri Beck, Polka Magazine

The First World WARM Festival
1ère édition du festival WARM, dédié à l’étude des conflits contemporains

Texte : Dimitri Beck

LE CŒUR DE WARM BAT À SARAJEVO

Dimanche 29 juin, en marge du centième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, est lancée la 1ère édition du festival WARM, dédié à l’étude des conflits contemporains.

Rencontre avec son fondateur et directeur, Rémy Ourdan*, à Sarajevo.

“L’idée un peu dingue de monter le festival WARM (War Art Reporting Memory) est née de discussions entre amis sarajéviens, artistes, journalistes et activistes de la mémoire, le 6 avril 2012, pour les vingt ans du siège de Sarajevo. Nous avons eu l’envie de créer ici un lieu de réflexion sur tous les conflits contemporains. Ce sera donc à la fois un centre d’archives mondiales, mais aussi un centre de production et de soutien à la création, dynamique et jeune, pour faire des films, des livres, des pièces de théâtre, de la musique, des expositions… Ce centre sera unique parce que multidisciplinaire, avec des historiens, des reporters, des universitaires, des artistes, etc.
L’année dernière, nous avons soutenu les premiers projets. Certains voient le jour cette année, pour la première édition du festival, comme le film ‘Tomorrow Tripoli, The Revolution of the Rats’ de Florent Marcie, projeté cette semaine en exclusivité mondiale.
Notre credo : ‘Ecrire l’histoire avec excellence et intégrité’. Dans toutes les disciplines, chacun fait de son mieux, mais nous avons le souhait d’enrichir encore le traitement des conflits en croisant toutes les disciplines et les expériences, en rassemblant les experts les plus talentueux à travers la planète.
Notre choix s’est naturellement porté sur Sarajevo pour plusieurs raisons. D’abord, l’idée est née dans cette ville et avec des Sarajéviens. Pour toute une génération de reporters comme moi, le siège de Sarajevo a été une étape intellectuelle, politique et humaine importante. Dans les villes-symboles de la guerre, Sarajevo n’est pas seulement une tragédie. C’est aussi un exemple que l’on peut regarder de manière positive. Sarajevo et ses habitants ont résisté, survécu et défendu des valeurs morales, dont ce principe noble du ‘vivre ensemble’ dans le champ de ruines, de séparatisme et de nettoyage ethnique qu’était l’ex-Yougoslavie à ce moment-là. Et puis, enfin, Sarajevo peut réunir tout le monde. On ne pourrait pas réunir toutes les nationalités, toutes les cultures dans certaines villes comme Jérusalem ou Beyrouth, même si on les aime beaucoup. Sarajevo demeure une ville ouverte. Elle n’est contre personne et personne n’est contre elle. On peut y travailler et y créer facilement.
De plus, il y a un certain art de vivre ici, une douceur de vivre, un mélange de nonchalance et de talents. C’est une ville qui a créé des courants artistiques pendant la Yougoslavie, même si elle a toujours été une petite ville en comparaison avec Belgrade. Sarajevo est une grande ville de cinéma par exemple, avec son festival annuel au mois d’août. Dans les membres de WARM, il y a le cinéaste Danis Tanovic, l’artiste contemporaine Sejla Kameric.
Je dois beaucoup à cette ville à laquelle je suis très attaché. Elle est bien plus que la ville où je suis devenu journaliste en 1992 quand, âgé d’une vingtaine d’années, je suis arrivé la première fois. Depuis mon cœur, comme celui de WARM, bat à Sarajevo.”

* Rémy Ourdan est grand reporter au journal “Le Monde”.

http://www.polkamagazine.com/26/le-mur/the-first-world-warm-festival/1632

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