“Photographier la guerre en Centrafrique”, avec Michaël Zumstein et Edouard Elias
Les conférences WARM sur les conflits contemporains
Jeudi 18 décembre 2014 à 19h – Mémorial de Caen
Michaël Zumstein, spécialiste de l’Afrique depuis quinze ans, s’est plongé dans la couverture de la guerre en Centrafrique bien avant l’intervention militaire française et l’attaque de Bangui du 5 décembre 2013, et a suivi les évolutions du conflit.
Edouard Elias a de son côté couvert récemment la mission de la Légion étrangère, première étape d’un travail au long cours sur l’armée française.
Un an après le début de cette nouvelle étape dans le conflit centrafricain – à la fois guerre civile et intervention militaire étrangère -, les deux photoreporters évoquent leurs expériences croisées et complémentaires.
Le conflit en Centrafrique
Dans un pays habitué depuis des décennies aux putschs militaires, c’est la première guerre civile de cette ampleur. Depuis la prise de contrôle de Bangui par la coalition rebelle de la Séléka en mars 2013, la République centrafricaine (RCA) est entrée dans une spirale de la violence. Les rebelles musulmans de la Séléka ont opprimé et commis des crimes de guerre à l’encontre de la population à majorité chrétienne. La France a déclenché, le 5 décembre 2013, l’opération militaire ‘Sangaris’ afin de tenter d’arrêter les tueries et de ramener le calme en Centrafrique. Ce fut le jour choisi par les miliciens chrétiens ‘Anti-balaka’ (anti-machette) pour attaquer à leur tour la capitale, et initier une vaste opération de nettoyage ethnique à l’encontre de la population musulmane. L’ONU s’est inquiétée des “graines de génocide” ainsi semées. La Séléka a fui Bangui pour se replier dans le nord, divisant de facto le pays. Sous les yeux de ‘Sangaris’, les combats entre les deux camps et les tueries de civils se sont poursuivis depuis un an.
Michaël Zumstein
Michaël Zumstein est un photographe franco-suisse né en 1970. Diplômé de l’Ecole de photographie de Vevey (Suisse), il rejoint l’Agence VU’ en 2010.
Son travail s’inscrit dans la tradition du photojournalisme d’enquête. Tout en suivant les conflits de R.D. Congo, de Côte d’Ivoire et du Soudan, Zumstein fixe son regard sur les “relations ambiguës entre l’Afrique et l’Occident”. Premier photographe à entrer dans les mines de Coltan au Congo en 2000, il y dénonce les conditions d’exploitation cruelles de ce minerai utilisé dans la haute technologie occidentale. En 2006, son reportage “Lokichokio, eldorado humanitaire”, exposé au festival Visa pour l’Image de Perpignan, interroge l’efficacité et dénonce les dérives de l’action humanitaire dans un village à la frontière du Sud-Soudan. Cette même année, il réalise “Les forçats du caoutchouc”, un reportage sur l’industrie du pneu au Liberia critiquant les conditions de travail des employés, la pollution des rivières et l’absurdité d’un commerce mondialisé. Dans le cadre de sa campagne “Dignité”, Amnesty International (France) lui confie en 2010 la réalisation d’une enquête sur le mal-logement à Lagos au Nigéria, “This house is not for sale”.
L’intérêt qu’il porte à ce continent en pleine mutation le pousse à couvrir les bouleversements politiques de ces dernières années. Après son travail remarqué internationalement sur la crise post-électorale ivoirienne en 2011, il obtient une Aide à la production du Centre National des Arts Plastiques pour réaliser son projet multimédia « Bons Amis » sur la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Son récent travail en Centrafrique a été récompensé de plusieurs prix dont le Picture of the Year et le Swiss Press Photo, et plus récemment le Visual Story Telling Award (Lens Culture).
Prolongement de son intérêt photographique pour le continent africain, Michaël anime également des ateliers photographiques en Afrique dans le cadre du World Press Photo.
Edouard Elias
Originaire du Gard, Edouard Elias a vécu dix ans en Egypte avant de rentrer en France en 2009 pour y continuer sa scolarité. Après une école de commerce à Montpellier, il se passionne pour la photographie et quitte tout pour étudier à l’Ecole Condé de Nancy. C’est en Syrie qu’Edouard choisit d’effectuer ses premières armes de photoreporter. Il s’y rend plusieurs fois pour couvrir la guerre civile, notamment l’action des rebelles au nord de la Syrie. L’un de ses reportages lui vaut de signer avec l’agence Getty.
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.