L’homme qui a déplacé 166 Libyens à Sarajevo
France – 27 Février
Raphaël FRESNAIS.
Florent Marcie, réalisateur indépendant, a déplacé 166 révolutionnaires libyens dans un avion privé, l’été dernier à Sarajevo.
Afghanistan, Soudan, Irak, Tchétchénie, Libye… Depuis 1989 et la révolution roumaine, Florent Marcie, réalisateur indépendant, braque sa caméra là où d’autres brandissent les armes. Huit films documentaires rendent compte de son activité et de ses distances avec le traditionnel reportage de guerre.
Son fait de gloire: Saïa. Un court-métrage de 30 minutes sur la ligne de front afghane en 2000. Ses images flottantes, proches « du pointillisme et de l’abstraction », tournées sous une lune magnifique, ont séduit le musée d’art moderne de New York (MoMA), qui les a diffusées deux mois avant le fameux 11septembre.
Une projection tendue
Son « fait d’armes »: avoir déplacé 166 révolutionnaires libyens dans un avion privé, l’été dernier à Sarajevo, pour l’avant-première d’un autre film (Tomorrow Tripoli) qui leur était consacré. « Quand ils ont appris que je le montrais, ils ont tous voulu venir ». Avec la complicité de l’ambassade bosniaque, la plupart se sont fait passer pour des techniciens ou acteurs.
Sur place, la projection a été tendue. Guerre d’ego, choc émotionnel, conflit de civilisations… « L’un n’a pas supporté que je montre son frère défunt proférer des insultes, d’autres que je montre la dépouille de Khadafi commentée par une voix d’enfant ».
La tension est montée à son comble lorsque « mon ami Youssouf, ex-cameraman du commandant Massoud, les a pris à partie pour leur dire qu’en 30 ans de guerre, jamais l’Afghanistan n’avait eu droit à un film comme celui-là. » Au même moment, les pro-Kadhafistes ont profité de leur séjour pour attaquer l’aéroport de Tripoli qu’ils détenaient, brûler leurs maisons, opérer des représailles. « Ils ont dû repartir en catastrophe… »
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